Vous êtes plusieurs à m’avoir fait remarquer que j’étais moins présente sur Instagram et sur cette newsletter. Effectivement ces derniers mois j’ai été très occupée à la fois sur le plan pro et perso et donc avec moins de temps (et d’énergie !) à consacrer à la création de contenus en général. Depuis toujours, je gère mon compte Instagram, un peu comme cette newsletter, c’est à dire de manière intuitive. Si j’ai quelque chose à dire, à partager je le fais, si je n’ai rien à poster, je m’abstiens. Je ne veux pas me forcer à suivre un planning pour satisfaire un algorithme. Je me fie à celui de mes envies, qui je dois le reconnaître, est un peu détraqué ces dernières temps.
J’ai lancé cette newsletter il y a deux ans maintenant. Substack était alors quasiment inconnu en France, j’aimais ce côté confidentiel, j’avais l’impression de retrouver la spontanéité du début des blogs. D’avoir enfin la place de pouvoir dire et partager tout ce qui ne tenait pas sur un post Instagram. Deux ans plus tard, c’est une avalanche de Substack qui a déferlé sur le monde, tout le monde lance sa newsletter. Cela fait écho à ce que je vis au travail. Je trouve ça très dur aujourd’hui de se démarquer, de garder une originalité, de rester fidèle à ce qu’on aime, de ne pas faire les choses parce que c’est à la mode ou que tout le monde le fait. J’ai fait une erreur en activant le mode payant de cette newsletter et j’en suis navrée. Je n’ai pas le temps nécessaire pour produire un contenu qui justifierait de vous faire payer. Et puis j’ai toujours adoré partagé avec vous et ce depuis près de 20 ans (j’avais 17 ans quand j’ai lancé mon tout premier blog qui parlait essentiellement de cuisine), que ce soit ici, sur Instagram, mon blog ou Facebook à l’époque. Je sais que si j’ai pu construire deux entreprises en moins de 10 ans c’est grâce à vous et grâce à ce lien d’échange et de confiance que nous avons tissé. En rendant mon contenu payant, la dynamique s’est cassée. Vous êtes plus de 18 000 à me lire ici, et finalement savoir que désormais seule une infime poignée de personnes pouvait lire mon contenu n’avait aucun sens pour moi. Je me donne du mal à faire ces newsletters, j’y consacre du temps et ce j’en attends ce n’est pas un revenu mais surtout un échange. Alors à partir d’aujourd’hui, tout mon contenu restera accessible gratuitement. Si vous avez souscrit un abonnement annuel, n’hésitez pas à me contacter pour que je vois comment vous rembourser.
La créativité est un de mes moteurs. J’aime innover, créer, proposer de nouvelles choses. En tant que fondatrice et entrepreneur je touche à tous les sujets de notre entreprise mais mon équipe sait que ce je préfère, c’est le développement produit. C’est ce qui m’anime. Si je pouvais, je ne ferais que ça. M’enfermer dans une pièce avec des piles de documentation scientifique sur de nouveaux ingrédients, des échantillons du labo, essayer, tester, reformuler autant de fois que nécessaire, imaginer le packaging, questionner et voir prendre vie des produits qui trouveront leur place dans vos routines. Depuis 6 ans (on a lancé AIME le 30 septembre 2018 !) c’est mon bonheur et mon moteur. Malheureusement le quotidien, les milles et un autres sujets à gérer prennent souvent le dessus. Et ces derniers mois j’ai un peu perdu l’envie d’avoir envie comme dirait Johnny.
Il y a une dizaine de jours, mon équipe me partage sur Slack le post d’une marque qui vient de lancer son nouveau produit. On croirait à s’y méprendre un de nos produits aime. Un de nos best-sellers que nous avons lancé en 2019. Du packaging primaire, à la couleur de l’étiquette en passant par le shooting photo, nous ne sommes pas loin du copier/coller. Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive. En langage légal on appelle ça du parasitisme. Le même jour je reçois dans ma boîte mail la newsletter de Laurel Pantin et ce qu’elle écrit résonne particulièrement. Elle y partage ce visuel de Hur Table Guests, une table ronde virtuelle à laquelle j’avais d’ailleurs participé l’année dernière sur le thème de la beauté, avec le message suivant : “Il y a 10, 15 ou 20 ans, quand le monde était moins connecté, les gens qui avaient du style sortaient vraiment du lot. Maintenant, tout le monde a accès aux mêmes influences et mêmes objets, ce qui rend la possibilité de se démarquer plus compliquée.”
Elle parle de mode mais cela s’applique à beaucoup d’autres univers, y compris celui de l’entrepreneuriat. Il y a une uniformisation générale des choses, qui me fatigue. Le fait d’avoir désormais tous accès aux mêmes contenus, mêmes inspirations, mêmes algorithmes sournois qui nous formatent, nous a fait perdre en créativité et en personnalité. Je suis moi-même lassée en tant que créatrice, lectrice, cliente, consommatrice. J’ai envie de me renouveler, d’aller chercher mon inspiration ailleurs. Dans ma tête avant tout, dans des livres, des voyages, des musées, des films, me replonger dans les séries qui me faisaient du bien plus jeune, quand tout semblait plus simple, plus léger, moins surfait. A ce sujet, la série Nobody wants this me replonge 20 ans en arrière. Sûrement l’effet Adam Brody que j’adorais dans Newport Beach. La série fait du bien, je vous la recommande si vous avez envie de quelque chose “feel good”.
J’ai eu envie de tout débrancher et déconnecter un nombre incalculable de fois. Mais ma carrière est intrinsèquement liée à ma présence sur les réseaux. Il faut juste que j’arrive à trouver le bon équilibre, à me nourrir et à savoir prendre du recul quand je sens que toute mon énergie est aspirée dans ce tourbillon virtuel.
Merci de m’avoir lue et merci de votre incroyable fidélité.
En tant que directrice communication et opérant dans ce métier depuis 20 ans, je connais parfois ce passage à vide. Il est alors très important de tout lâcher et d’accepter de ne plus rien faire ou de se laisser guider par ce vide. C’est à ce moment là que la créativité se réinstalle. Aussi, ne pas avoir peur de publier moins voir beaucoup moins et/ou déléguer à une personne de confiance pour tout ce qui concerne les réseaux sociaux, même s’il s’agit de personal branding. Le créateur du « feed » conseille également de tout passer en mode noir et blanc, lui-même très conscient de l’aliénation à laquelle nous sommes soumis. J’ai 43 ans, je suis maman de 3 enfants et parce que mon métier de communicante me passionne, j’ai été cherché mes inspirations ailleurs - films, ciné, vie quotidienne, art, voyages, rencontres avec des gens de toutes catégories sociales et de différentes nationalités, musique … et j’ai décidé d’utiliser les RS pour ce qu’ils étaient : un simple outil, à déléguer à une personne de confiance. Cela semble simple à dire mais en réalité assez difficile à faire, il faut beaucoup de prise de recul et aussi de courage pour déléguer son image tout en restant authentique. Cela m’a permis de passer les caps collèges / lycées de mes enfants (personne ne prévient les parents à quel point cela suppose une présence beaucoup plus accrue et attentive), de passer du temps qualitatif en famille et surtout avec mon mari tout en réservant 30 min par jour à regarder uniquement ce qui m’intéresse lorsque je suis seule et jamais en présence de mes enfants (difficile de leur donner des règles quand nous-mêmes sommes si souvent accrochés à nos téléphones). Enfin les réseaux ont tendance à déprimer et je conseille à tous les professionnels qui sont en lien avec ces outils à faire attention autant que possible en raison des effets sur la santé mentale. Ainsi s’achèvent mes 30 min/jour de réseaux, je vous quitte en vous souhaitant le meilleur avec beaucoup de solidarité 🤍 Les personnes perfectionnistes comme nous devons apprendre le mode économie d’énergie pour tenir sur le long terme et tenir sur ce qui compte 🙏
Bonjour Mathilde, merci pour cette newsletter, je trouve ça très courageux de se remettre publiquement en question, c'est très inspirant ! Je partage cette lassitude. J'ai acheté une maison à rénover il y a peu. Bien évidemment, j'ai filé directement sur Pinterest et Instagram pour piocher des idées... jusqu'à être écœurée des mêmes contenus, configurations, contenus. Ca m'a fait peur et ça m'a questionnée. A quel point ce que j'aime est conditionné par ce que me proposent des algorithmes ? Pour sortir de cette boucle des contenus tendances mille fois rabâchés, je suis allée sur Vinted et j'ai acheté des piles de vieux magazines déco de différentes décennies. Les feuilleter me fait un bien fou. Je vois autre chose et c'est un vraie respiration. Bon courage pour la suite !